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Ces clichés qui m’agacent sur la peinture digitale

Aujourd'hui je vais râler ! Je ne le fais pas si souvent mais de temps en temps je trouve que ça fait du bien de démonter certains préjugés sur l'illustration. Il y aurait beaucoup à dire en la matière et comme chaque domaine créatif, que ce soit le dessin ou l'écriture, les gens ont souvent des a priori ou des phrases toutes faites, un peu vexantes, qui leur échappent… plus par ignorance que par volonté de blesser hein, j'en ai bien conscience.


Voici un petit florilège de ces phrases déjà entendues véhiculant certains clichés qu'il est bon de déconstruire !



I - "Ah ouais tu dessines sur ordinateur donc c’est la machine qui fait tout"

La progression des technologies a amené une foule de nouveaux outils numériques dans les métiers de la création. Et ce n'est pas prêt de s'arrêter avec l'arrivée des intelligences artificielles (je vous renvoie à mon article sur Midjourney ici si ça vous intéresse). Applications de dessin, tablettes graphiques à écran, stylets, 3D, photobashing… autant d'outils et de techniques permettant d'obtenir des résultats de plus en plus détaillés ou originaux en moins de temps.


Sauf que le raccourci est vite pris par certains qui pensent alors que la main de l'utilisateur n'a plus d'impact sur la création. Ce qui est bien évidemment faux. Vous aurez beau avoir à votre disposition un ordinateur surpuissant, des logiciels professionnels pointus et la tablette la plus performante du marché, cela ne fait pas de vous un super artiste. Les applications facilitent et accélèrent les processus… mais sans un œil entraîné, sans les bases en dessin, sans les notions de lumières, d'harmonie de couleurs et de volumes tous ces merveilleux outils ne seront pas d'une grande aide (ils pourraient même devenir vos pires ennemis s'ils sont mal utilisés).


Le digital painting n'est pas la mort du dessin académique. Ça reste du dessin (sinon pourquoi aurais-je besoin d'un stylet au juste ?). en bref, si vous ne savez pas dessiner sur papier, vous ne dessinerez pas mieux sur ordinateur.


Le meilleur moyen que j'ai de convaincre les sceptiques c'est en général de leur mettre mon Ipad entre les mains et de leur demander de me dessiner quelque chose sur procreate. En général, la prise de conscience est rapide: ce qui paraissait si facile sur les vidéos des réseaux sociaux ne l'est en réalité pas du tout.




2 - "Non mais t’as plein de brush, c’est plus simple pour toi."

Celle-ci je dois vous avouer y avoir crue aussi. Avant de pratiquer le digital painting je pensais que pour réussir, il fallait avoir "les bons brush" et les "bons outils".


Eh bien en réalité, plus j'étudie le digital painting, plus je réalise que c'est une erreur et une excuse de débutant.


Il est vrai que j'ai à ma disposition un pack de brush conséquent. C'est à peu de chose près le même pack que tout le monde utilise et qu'on peut retrouver gratuitement avec une rapide recherche sur Google. Pourtant, dans les faits et au quotidien, je n'utilise que trois ou quatre brush maximum.


Un pinceau rond dur, un pinceau soft que j'ai personnalisé pour mon usage et un pinceaux carré texturé. Il m'arrive selon les peintures et les besoin d'utiliser un ou deux autres brushs texturés mais toujours avec parcimonie et dans le seul but de créer quelques détails. Et en soi, je pourrais complètement m'en passer, ils me font juste gagner un peu de temps.



3 - "Tu as de la chance t’es douée, moi je suis nul en dessin"

Voilà un cliché qui me rend un peu triste. Il découle de la croyance populaire du "don" comme de quelque chose qui nous a été octroyé à la naissance par une quelconque opération du saint esprit ou une bonne fée généreuse.


J'ai commencé le dessin comme n'importe qui, avec des bonhomme patates. Le seul don que j'ai reçu c'est peut être ma fascination pour les illustrations et le plaisir que j'avais à dessiner. Le reste, c'est de la pratique. J'ai dessiné toute mon enfance et mon adolescence. Dans les marges de mes cours, sur mes agendas scolaires... Je dessinais partout. Plus tard j'ai pris des cours et j'ai appris les bases qui permettent d'aller plus loin. J'ai pratiqué encore et encore. Rien n'est tombé du ciel et la chance n'a rien à voir là dedans.


Si vous voulez vraiment dessiner, vous pouvez apprendre. Je ne dis pas que ce sera facile, comme toute discipline, c'est long et cela demande de l'engagement. Mais c'est possible. Ne vous comparez pas aux artistes qui ont des années d'expériences, des années de formations, des années de pratique derrière eux. Et par pitié, n'attribuez pas leurs qualités de dessinateur à la chance. C'est très vexant.



4 - "Mais ton vrai métier c’est quoi ?"

Les écrivains, musiciens et tous les créateurs sauront de quoi je parle. Cette incrédulité persistante dans le regard des gens lorsqu'on leur déclare qu'on fait un métier créatif, qui nous plait et qui ressemble un peu trop à un loisir.


On nous inculque depuis toujours que ces métiers qui font rêver ne sont pas accessibles soit parce qu'il faut être une sorte de génie (voir le point 3 à ce sujet) soit parce qu'il est impossible d'en vivre (rapport à la vision romantiquement glauque de l'artiste incompris et sans le sou condamné à mourir de la tuberculose dans sa chambre de bonne à Montmartre…)


Sauf que le dessin, l'écriture, la musique, ce sont des métiers comme d'autres, et une fois qu'on a compris ça, on réalise que le quotidien d'un artiste est très loin de cette image du créateur solitaire qui se consume dans son art en mangeant des croûtes de fromage. Une partie de son temps est occupé par la comptabilité, la prospection, la promotion… Il doit établir une stratégie, affiner sa cible et étudier son marché…


Mais en France, on a du mal avec la monétisation de l'art qui a une réputation si élevée et si pure que l'artiste est forcément une sorte de sur-être éclairé par la grâce divine et qui ne s'abaisserait jamais (horreur !) à se prostituer pour une rétribution pécuniaire.


Donc oui, l'illustration, l'écriture, la musique, la bande dessinée, le cinéma, le théâtre… ce sont des métiers. Et on peut en vivre. C'est pas facile, ça on est tous d'accord, mais quel métier est facile au juste ?



5 - "Le digital painting, ça n’a pas d’âme de toute façon, rien ne vaut le dessin traditionnel au crayon"

En voilà une qui m'agace un peu plus que de raison car je me sens un peu directement attaquée et dénigrée.


Bien sûr, tous les goûts sont dans la nature, et on peut apprécier une toile peinte à l'huile ou une aquarelle plus qu'une illustration numérique, mais je remarque quand même que la plupart des gens qui lancent ce genre d'affirmation n'y connaissent pas grand chose et sont les premiers à tomber dans le panneau lorsqu'on leur demande de différencier une oeuvre traditionnelle d'une œuvre numérique.


C'est un peu comme ceux qui n'ont jamais touché à une liseuse mais qui affirment qu'ils détestent ça et ne croient qu'au papier. On peut avoir une préférence, c'est certain, mais à condition d'avoir donné ses chances à ce qu'on rejette.


L'art digital est hyper vaste et comprend une foule de techniques. Certaines imitent les méthodes traditionnelles si bien qu'un professionnel peut s'y tromper. Certaines sont purement numériques et se revendiquent plus expérimentales, elle permettent d'explorer la liberté incroyable que nous offrent les technologies modernes. Rejeter en bloc tout cela sans faire le tri et sans même prendre le temps de s'y intéresser, je trouve ça dommage et même carrément triste.



Et vous, y'a-t-il des petites phrases vexantes que vous entendez régulièrement et qui relèvent de l'ignorance et des préjugés des gens sur vos métiers ?


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